Les Orixás sont des divinités au cœur du candomblé, une religion afro-brésilienne profondément enracinée au Brésil. Originaires d’Afrique, ces dieux et esprits incarnent les forces de la nature et jouent un rôle central dans la vie religieuse et spirituelle des communautés brésiliennes. Chaque Orixá est associé à des éléments naturels, des couleurs, et des qualités spécifiques. Par exemple, Iemanjá, la déesse des eaux et de la mer, est représentée par le bleu marine, le blanc et le rose, tandis que Xangô, le dieu du feu et de la foudre, est symbolisé par le rouge et le blanc.
Le candomblé trouve ses racines dans la mythologie et la tradition yoruba, et il s’est développé principalement dans l’État de Bahia, notamment à Salvador, un centre spirituel et culturel majeur. Les terreiros, lieux de culte où se déroulent les cérémonies et les rites, sont des espaces sacrés où les fidèles rendent hommage aux Orixás à travers la danse, la musique, et les offrandes. La relation entre les Orixás et les saints catholiques illustre le syncrétisme religieux unique du Brésil, où des figures comme Saint Sébastien et Antoine sont associés à des Orixás comme Xangô et Exu. Cette fusion des croyances africaines et catholiques enrichit la diversité culturelle du pays.
Origine et Lien des Orixás avec Dieu
Les Orixás trouvent leur origine dans les traditions religieuses de l’Afrique de l’Ouest, principalement parmi les peuples yoruba du Nigeria. Ces divinités sont perçues comme des manifestations des forces de la nature et des esprits ancestraux, chacun ayant une personnalité distincte, des attributs spécifiques, et des domaines d’influence.
Dans la cosmologie yoruba, les Orixás sont des intermédiaires entre les êtres humains et le Dieu suprême, Olodumare ou Olorun, qui est le créateur de l’univers et l’entité suprême.
Olodumare, tout-puissant et omniprésent, délègue aux Orixás le pouvoir de réguler les forces naturelles et d’interagir avec les hommes. Chaque Orixá contrôle un élément naturel ou un aspect de la vie humaine, tel que Iemanjá avec les eaux et la mer, ou Xangô avec le feu et la foudre. Ce lien entre les Orixás et Olodumare est essentiel pour comprendre la dynamique spirituelle dans le candomblé, où les fidèles invoquent les Orixás pour recevoir des bénédictions, des conseils, et des protections, tout en reconnaissant l’autorité suprême d’Olodumare.
Ce système de croyance s’est adapté au nouveau monde lors de l’arrivée des esclaves africains au Brésil, intégrant des éléments de la religion catholique et donnant naissance à un syncrétisme unique. Par exemple, les Orixás sont souvent liés à des saints catholiques, facilitant ainsi leur acceptation dans un contexte colonial chrétien. Cette fusion des religions reflète la résilience et la capacité d’adaptation des traditions cultuels africaines, permettant aux Orixás de jouer un rôle vital dans la vie spirituelle des communautés afro-brésiliennes.
Les Orixás et le Catholicisme
Le candomblé brésilien, directement issu l’esclavage, s’est profondément enraciné dans la culture religieuse du Brésil, notamment grâce à un phénomène de syncrétisme unique. Ce mélange de traditions africaines et de religion catholique a permis aux Orixás de survivre et de prospérer dans un environnement souvent hostile.
Les esclaves africains, arrachés à leur terre natale, ont trouvé des moyens de préserver leurs divinités et leurs croyances en les associant aux saints catholiques.
Ce processus de syncrétisme a non seulement aidé à maintenir les pratiques religieuses des esclaves, mais a aussi enrichi la mosaïque religieuse et culturelle brésilienne.
Le syncrétisme entre les Orixás et les représentations catholiques illustre la capacité des croyances africaines à s’adapter et à se transformer dans le contexte du nouveau monde. Cette fusion religieuse a permis aux communautés afro-brésiliennes de préserver leur culture et de renforcer leur identité face à l’oppression. Les cérémonies, les danses, et les offrandes dans les terreiros continuent d’honorer cette riche tradition, reliant les fidèles aux divinités africaines et aux saints catholiques dans une célébration de la diversité et de la résilience.
Syncrétisme entre les Orixás et les Saints Catholiques
Le syncrétisme repose sur des ressemblances perçues entre les attributs et les histoires des divinités africaines et des figures chrétiennes. Par exemple, Iemanjá, la déesse des eaux, est souvent associée à Notre-Dame de la Conception, la protectrice des mers.
Xangô, le dieu du feu et de la foudre, est syncrétisé avec Saint Sébastien, connu pour sa force et son martyre. Exu, le messager espiègle, trouve son équivalent dans Saint Antoine, vénéré pour son rôle de guide et d’intercesseur.
Jésus Christ et Oxalá
Oxalá, père de tous les orixas, est l’Orixá suprême de la création et de la pureté. Il est souvent syncrétisé avec Jésus Christ, en raison de son rôle de créateur et de figure paternelle bienveillante. Les couleurs associées à Oxalá sont le blanc, symbolisant la pureté et la paix. Les fidèles célèbrent Oxalá avec des offrandes de nourriture blanche, telle que le riz et le maïs, pour honorer sa sagesse et sa sainteté.
Marie Madeleine et Oxum
Mère Oxum est l’Orixá de l’amour, de la beauté et des eaux douces. Elle est syncrétisée avec Marie Madeleine, en raison de son association avec l’amour et la féminité. Oxum est représentée par les couleurs or et jaune, symbolisant la richesse et la prospérité. Les rituels en son honneur incluent des offrandes de miel et de parfums, reflétant sa nature douce et bienveillante.
Saint Sébastien et Xangô
Xangô, l’Orixá de la foudre et de la justice, est souvent identifié à Saint Sébastien. La force et le pouvoir de Xangô sont reflétés dans l’image de ce martyr qui a enduré de grandes souffrances pour sa foi. Cette association souligne les qualités de courage et de résilience partagées par ces deux figures.
Il est possible de retrouver les orixas dans les traditions Brésiliennes de L’umbanda, santos Daimé et nombreuses ramifications des cultes afro-descendants mais ils sont aussi présent dans la santeria cubaine.
Pierre Fatumbi Verger, Roger Bastide et les Orixás
Les travaux de Pierre Fatumbi Verger et de Roger Bastide ont été essentiels dans la compréhension des Orixás et de leur influence sur la société brésilienne.
Verger, à travers ses recherches, a mis en lumière le lien profond entre les Orixás et les habitants de Bahia, notamment en soulignant comment chaque Orixá signifie une partie intégrante de la culture et de l’identité afro-brésilienne.
Il a notamment cité des légendes et des mythes qui révèlent la richesse de cette mythologie yoruba, tout en explorant comment les Orixás, à travers des éléments tels que l’eau, la pierre, et les couleurs, jouent un rôle crucial dans la vie quotidienne des hommes et des femmes.
Dans ses livres, il a souligné la diversité des rites et des pratiques, mettant en avant des éléments comme la nourriture de couleur blanche ou noire, qui sont essentiels dans les offrandes. Le lien avec des figures chrétiennes, comme Saint Antoine et le dieu du fer, illustre également la richesse du syncrétisme présent à Rio de Janeiro et à São Paulo. L’étude de Bastide a révélé comment les Orixás sont perçus comme des forces vivantes, aidant à guérir des maladies ou à guider les enfants sur leur chemin spirituel. Ce dialogue entre religion catholique et traditions africaines rend compte des temps modernes, où la spiritualité continue de s’exprimer à travers des danses, des rites et un art vibrant qui célèbrent l’héritage afro-brésilien.
En conclusion, les Orixás constituent un pilier fondamental de la culture afro-brésilienne, enrichissant le monde spirituel par leur diversité et leur profondeur. Leur origine africaine, ainsi que leur syncrétisme avec la religion catholique, témoignent d’un héritage complexe qui continue d’évoluer au fil des générations. À travers les mythes et légendes décrits par des chercheurs comme Pierre Verger, il est évident que chaque Orixá, qu’il soit représenté par la couleur blanche, noire ou rouge, joue un rôle unique dans la vie des fidèles.
Des figures comme Iemanjá et Xangô sont plus que de simples divinités ; elles incarnent des éléments de la nature et des aspects de la vie quotidienne, guidant les hommes et les femmes dans leur quête de protection et de sagesse. La première place de Salvador de Bahia dans cette tradition ne peut être ignorée.
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