« Pierre Verger aimait dire qu’au cours des cérémonies, les adeptes regardaient plus vers la Terre Nourricière des ancêtres que vers le Ciel où est censé se trouver un Dieu suprême. » Vodun et Orisha, Catherine & Bernard Desjeux.
Je pars en Afrique en Janvier. C’est avec le groupe Prometra que je vais rejoindre les plages de Ouidah au Bénin. Je tiens à faire un article avant mon départ afin de parler de spiritualité universelle, des rites universels.
La vie m’amène à vivre cette universalité en Afrique.
L’Afrique, ses mystères, légendes, histoires… mais surtout avec nos yeux d’Européens, méconnaissance et encore trop souvent clichés.
Les rites africains, comment les appréhender ? Les regarder avec notre vision culturelle, nos lunettes ? Lunettes européennes qui ne peuvent pas encore être parfaitement détachées de nos rapports de dominant-dominé, sauveur-à sauver. Comment regarder la spiritualité africaine droit dans les yeux, voire avec beaucoup d’humilité. Je me souhaite, dans ce partage, d’être la plus juste possible mais surtout la plus ouverte possible
En préparant ce voyage, je me suis confrontée à mes propres clichés. La spiritualité africaine, c’est me confronter à ma propre histoire en tant que Française, c’est regarder l’esclavage. Préparer ce voyage, c’est sortir complètement de mes repères. Un seul vocable peut nous ébranler, un seul mot nous sort de notre « confort », c’est le mot « VAUDOU ».
Je crois donc que c’est par là que je vais commencer.
La spiritualité africaine vu par les européens, c’est la vision d’une poupée et des aiguilles, un culte sataniste qui cultive la peur.
La spiritualité africaine, n’est pas une religion mais une voie spirituelle. Ce n’est donc pas un ensemble de dogmes et de croyances mais une façon d’être relié aux forces de l’Univers, comme en en faisant partie… Y est présent comme divinité, L’eau, le Feu, la Terre et l’Air… Dans le Cycle de la Vie, la spiritualité, c’est la matrice qui accueille le souffle des éléments et des esprits et qui a permis de donner vie aux créatures.
Je vais donc essayer autant que faire ce peu de partager et de vous traduire mon voyage avec ce que je souhaite de plus ouvert d’esprit.
Voici par exemple quelques bases transmises par Erick GBODOSSOU, Président de Prometra International. Je me permets de prendre les points, de transmettre ce que j’en comprends.
L’Homme a toujours disposé de 3 moyens pour communiquer avec le Divin, une autre forme de réalité.
LA PAROLE : L’incantation.
La puissance du Verbe. C’est la prière. C’est le pouvoir des mots. La sagesse de la transmission orale, c’est le chant.
LA DANSE : La puissance du mouvement.
Là déjà, lier la danse et la spiritualité, c’est plus complexe pour nous autres européens, souvent engoncés dans notre corps. Regarder Jésus sur sa croix, sa rigidité, ce n’est évidemment pas une invitation au mouvement.
Ce voyage en Afrique sera donc pour moi l’occasion de suivre le rythme et de faire pénétrer les vibrations au plus profond de mon être.
Danser, c’est « subir » le regard de l’autre, tout comme le chant… « je ne sais pas chanter, tout comme je ne sais pas danser… ». Ce voyage sera donc une invitation à vivre le mouvement, la vibration à l’état pur, de laisser guider mon corps, de suivre le mouvement, la danse, tout ça sans « conservatoire » préalable.
LE SYMBOLE : Le signe, la puissance de l’image.
Le symbole comme énergie puissante de reliance. Jusqu’ici tout va bien. Les mandalas, le triskel celtique, la croix… Sur ce point de nouveau nous nous trouvons dans une vision universelle. Conscient ou non, le symbole est présent dans nos vies, dans nos gestes et dans nos rêves… voire sur nos peaux pour les adeptes du tatouage.
Voici donc les fondements d’une religion qui est réduite à la sorcellerie, à la magie noire. Je souhaite dans les prochains articles ouvrir sur le sujet de la spiritualité africaine au travers de mon vécu et de mes propres expériences.
Ni religion ni philosophie, l’animisme est une compréhension neuve de la nature et sans doute aussi un art de vivre qui, face à un monde agité, nous apprend à mieux habiter le monde.
Et si l’animisme s’avérait la seule possibilité de sauver l’homme ? Par une nouvelle façon d’être au monde, cette pensée, souvent méconnue, se donne à vivre comme une contre-philosophie.
Cette initiation est un éveil de l’être tout entier, une nouvelle cosmogonie qui se donne à lire. Il s’agit de réapprivoiser son corps en réapprenant, par exemple, à respirer, à contempler, à se dessaisir du sens des choses, à apprendre à oublier le temps.
Face à un monde agité et au seuil du chaos, l’animisme invite à retrouver l’aspect essentiel des choses. Instaurant un dialogue entre la philosophie occidentale et cette philosophie africaine, Gaston-Paul Effa décentre la perspective, et change de focale : et si une nouvelle révolution était en marche ? Et si, contrairement à l’idée reçue, c’était la Nature qui humanisait l’Homme ?